thématique de travail
— Johary = Constellation Madagascar — Antananarivo, Madagascar
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L’équipe malgache est constituée de : Imke Plinta (Marseille), Dominique Rasanjison (Antananarivo), Ny Ando Biazamandrosoarivo (Tomasina), Ezio David (Florence)
Collaborations: Yolène Roth-Hanitriniaina Miora (Paris), Stijn T’kindt (Bruxelles). Les étudiants du Master Design et Innovation à l’ISCAM (Antananarivo)
Notre point de départ:
La diversité de la population malgache est une réalité qui s’est créée pendant des siècles. En effet, les migrations de bantu d'Afrique et d'Austronésiens ont façonné le peuplement de Madagascar. La Grande-île semble être le carrefour de tous les coins du globe : un métissage fait d’Afrique, d’Asie et même d’Europe.
Avant la colonisation, Merina et Sakalava ont été les deux royaumes les plus puissants. L’idée d'unification de l'île a été initiée par le roi Andrianampoinimerina (1745-1810), qui disait "La limite de mon royaume est la mer". Sa vision fut concrétisée par son fils Radama Ier (1793-1828) qui a unifié près de 3/4 de l'île grâce aux armées et aux alliances qu'il a opérées. Ce qui a valu au Royaume de Madagascar la reconnaissance par l'Angleterre en 1817. Cette monarchie a été abolie en 1897 par le Général Galliéni. Les colonisateurs se sont assis sur des restants de micro-royaumes ou de "foko" pour démanteler en quelque sorte la pacification qui est presque parachevée. Ils ont éclaté une nation en construction en plusieurs ethnies.
Toutefois, il n'existe pas d'ethnie en tant que telle à Madagascar. Il y a plutôt un fond linguistique et culturel commun qui a été éclatée pour mieux asseoir la colonisation. La catégorisation en 18 ethnies est une pure construction coloniale. Elle répond à la politique du "diviser pour mieux régner". Des micro-royaumes ont été arbitrairement mis dans une même catégorie pour la simple raison de leur proximité géographique. Le terme "ethnie" a été utilisé par le colonisateur, mais il n'en existe pas à Madagascar, contrairement aux Tutsi et Hutu au Rwanda.
Cette répartition du peuple est restée jusqu'à aujourd'hui, tel un héritage de la formalisation opérée durant la colonisation, mais tel une traduction de la diversité du peuple également. Les traces de cette catégorisation demeurent visibles dans le quotidien. En témoigne, entre autres, la récente polémique autour de l'interdiction des "cheveux afro" au sein d'un institut supérieur privé.
La colonisation a importé le concept d'Etat qu'elle superpose à une Nation en devenir. Cette Nation continue néanmoins d'évoluer à son rythme et se refuse à la formalité importée. Dorénavant, la structure sociale fait cohabiter deux mondes parallèles qui évoluent à deux vitesses : l’administration officielle ou formelle inspirée du système français et l’administration officieuse ou informelle propre au pays. Ces deux mondes parallèles sont perceptibles ainsi dans le quotidien formel et informel.
Comment tisser le lien entre les deux mondes pour qu’ils se rejoignent ? Comment formaliser pour valoriser la diversité dans le système ?Comment faire de cette diversité un outil de cohésion et d’innovation sociale ?Comment rendre lisible et visible une mono ethnie aux multiples nuances ?