thématique de travail
— Projet de Julie Royer, École de design de l'Université Laval et Université du Québec, Montréal— Montréal, Québec
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Le boulevard Saint-Laurent est une des artères les plus emblématiques de la ville de Montréal. Surnommée «la Main», l’artère fut témoin de nombreux événements qui façonnèrent Montréal. Créé sous le régime français à l'intérieur des anciennes fortifications en 1672 et s’étant prolongé vers le nord au fil des siècles, le boulevard coupe transversalement l'île de Montréal en deux. En 1792, lors de l’agrandissement de la ville de Montréal et de sa division en deux quartiers, le boulevard Saint-Laurent devient le centre de la ville, traçant la frontière entre le quartier aisé anglophone et protestant à l’ouest et le quartier ouvrier francophone et catholique à l’est. Encore de nos jours, malgré les mouvements migratoires et le mélange des populations dans la ville, cette division de l’ouest anglophone et de l’est francophone est toujours ancrée dans l’imaginaire des gens. Le boulevard Saint-Laurent fut également la terre d’accueil de plusieurs communautés ethniques. Arrivant sur les quais du port au sud de la ville, des centaines de milliers d’immigrants longent au XIXe et jusqu’à la moitié du XXe siècle le boulevard et s’y installent en grand nombre. Juifs est-européens, Chinois, Italiens, Irlandais, Portugais, Grecs, Africains et Sud-Américains y fondent alors industries, commerces et restaurants qui donnent à l’artère une couleur ethnoculturelle. Pour sa diversité culturelle, artistique et linguistique, le boulevard Saint-Laurent fut désigné lieu historique national par le gouvernement du Canada en 1996. Mais pourtant, la dernière intervention pour doter l’artère d’une identité visuelle n’a pris en compte que son côté commercial et contemporain, évacuant toute référence à son histoire et à sa riche diversité culturelle et linguistique. Ce projet vise donc à mettre en lumière les limites de représenter une telle artère selon les logiques et les mécanismes de représentation de la marque commerciale et à établir une contre-proposition tenant compte des spécificités historiques, linguistiques et culturelles de l’artère.